Commençons par un peu d’histoire :
A 79 après J-C : les premières traces d’une campagne électorale par voie d’affiche :
Le serpent « Join or Die » crée par Benjamin Franklin
En 1754, le marketing politique a été utilisé pour la première fois pour la campagne de Benjamin Franklin à la présidence des Etats-Unis
Et depuis, l’ancrage du marketing dans le paysage politique a été indéniable
Le marketing politique est le fait d’appliquer les concepts du marketing pour répondre aux objectifs politiques
Ce mariage, entre le marketing et la politique, a été favorisé par l’émergence d’un public qui est de plus en plus éduqué et de plus en plus apte à analyser et critiquer le gouvernement et les politiciens, qui comprend maintenant qu’il paye pour les services politiques et qu’il a le droit de déterminer la nature et la qualité des professionnels qui le dirigent ; un public qui veut des résultats et des performances améliorées. L’accroissement du nombre de ce qu’on appelle « les consommateurs politiques » (dont je viens d’expliquer) a impliqué une transformation du marché politique et l’utilisation du marketing par les partis
Dans le temps on a passé d’un :
– Concept orienté produit c’est-à-dire l’organisation politique déterminera son comportement par rapport à ses propres compétences, son propre expertise et sa propre croyance
Exemple : Du temps de régime de BOURGUIBA , la communication tournait autour de la personne du président
– Concept orienté vente, ici l’objectif est vendre à tout prix sans se soucier des attentes de la cible ni de la qualité des produits délivrés
– Concept orienté marché, ici on identifie les besoins des électeurs afin de fournir un produit adapté à leurs attentes
L’exemple le plus concret est celui de OBAMA , il a même été élu « Marketer of the year » en 2008 .Il a battu les campagnes d’Apple Computers, Zappos.com, la bière Coors, et Nike .
Passons aux 4P du marketing , ils sont de même appliquables au marketing politique
– Politique produit : le produit ici est le candidat lui-même
Ses caractéristiques : les idées qu’il diffuse, sa politique, ses convictions (…)
Le packaging : il s’agit ici de la présentation du candidat, son look, son attitude, son body langage (…)
La marque : c’est le parti politique du candidat
– Politique prix : Le prix ici est le vote de l’électeur . Il s’agit ici de « vendre » plus que tous les autres concurrents
– Politique de communication :
Quel message on veut véhiculer ?
Exemple : Obama qui a passé de « YES WE CAN » à « CHANGE CAN HAPPEN »
Par quel moyen : TV, radio, réseaux sociaux, presse écrite etc.
–Politique de distribution : il s’agit ici de mettre en action les promesses traduisant la réponse aux exigences du peuple et à ses attentes
Passons au marketing politique en Tunisie
Ce concept n’est pas nouveau en Tunisie, Habib Bourguiba l’a utilisé, ainsi il a été usité au temps du régime de Ben Ali où toutes les institutions étaient en charge du marketing politique (passer les messages voulus aux médias nationaux et internationaux)
Les enjeux se sont rendus différents au lendemain de la révolution : plusieurs partis pratiquaient le marketing politique :
– Ennahdha qui pratiquait la communication de proximité en cherchant à nier les préjugés pris à son égard
– Nidaa Tounes qui souhaitait « reproduire » la communication faite lors du temps de Bourguiba (le bourguibisme) etc.
– Le PDP qui a choisi de faire une campagne de communication à l’américaine en utilisant comme outils de communication des panneaux d’affichage urbain , affichage Transport sur les bus, des spots TV, bannière sur les sites Internet (…)
Les investissements en communication issus des partis politiques ont touché les 55 640 DT en 2011 (Source Média Scan)
Les moyens de communication se sont diversifiés : entre affichage urbain, les spots radio, presse écrite, site internet, affichage sur les bus, spot TV, communication évènementielle, Smsing, du Street marketing , les réseaux sociaux notamment Facebook etc.
Les partis étaient partout particulièrement au temps des élections en 2011
Ce concept peut, cependant, constituer une menace au processus démocratique en Tunisie vu que les votes peuvent se baser sur les campagnes communicationnelles des partis et non pas en se basant sur leurs programmes et politiques (…)
Le candidat ne serait pas élu pour ses idées, ses programmes, ses convictions etc. mais par rapport à l’image de marque qu’il ou son parti politique à qu’il appartient tente de construire !!
Donc , faut il combattre le marketing politique en Tunisie ? Surtout qu’il peut influencer le choix de l’électeur et que les politiciens ont tendance à utiliser des méthodes de persuasion et de rhétorique à travers les outils de communication publicitaire …
à bon entendeur , salut …
